Interview de Pierre Guillermo, PDG de Telemedia Group
Valeur vedette des télécoms
Pionnier en France des services audiotel, Telemedia Group propose des solutions innovantes en France et à travers le monde dans plusieurs secteurs clés des télécommunications et en particulier la VoIp. Telemedia Group est passé d'un chiffre d'affaires de 3 millions en 1999 à un chiffre d'affaires prévisionnel de 47 millions en 2007 et table, pour 2010, sur un chiffre d'affaire de 162 millions d'euros et un résultat net de 25 millions d'euros. Telemedia Group compte transférer sa cotation, courant 2007, sur le marché Alternext de la Bourse de Paris, ce qui pourrait occasionner un regain d'intérêt de la part des investisseurs institutionnels pour cette valeur montante de la Bourse de Paris.
Le fondateur de Telemedia Group mérite bien de figurer dans le Palmarès du Prix de l'Entrepreneur de l'année. Par son activisme, ce self-made man à la réussite exemplaire dirige un groupe de télécommunications coté à la Bourse de Paris, devenu partenaire des grands opérateurs internationaux de télécommunications.
Pouvez vous nous présenter Telemedia Group en quelques mots ?
C'est un groupe de télécommunications qui a développé des solutions innovantes en France et à l'étranger pour transporter les télécommunications à des prix incroyablement bas d'un bout à l'autre de la planète !
Comment avez-vous démarré cette activité ?
J'ai fondé Telemedia il y a 25 ans, en ayant l'intuition que le téléphone allait devenir un média. Nous avons été les premiers à lancer un service de banque directe en ligne avec HSBC, notre partenaire historique, qui s'appelait à l'époque le CCF. Puis nous avons profité de la dérégulation du marché des télécommunications pour occuper un certain nombre de niches. Nous nous sommes fait une spécialité d'utiliser les nouvelles technologies, notamment celles de l'internet pour transporter, à moindre coût, les communications téléphoniques, l'image et les données. Telemedia Group fédère plusieurs pôles d'activités. Le premier est celui de la VoIp dans lequel les ingénieurs de Telemedia Group ont développé une expertise et un savoir faire reconnu dans le monde entier. Le second pôle est celui des services en ligne.
Quelle est votre valeur ajoutée ?
Telemedia Group a réussit, et c'est toujours cela la grosse valeur ajoutée de Telemedia Group, à fédérer les talents et les compétences de jeunes ingénieurs qui ont développé des offres exceptionnelles dans le secteur des télécommunications. Ces offres sont tellement innovantes que nous sommes allés beaucoup plus loin que les grands opérateurs de télécommunications. Si on regarde le parcours de Telemedia Group, c'est un peu le même parcours que des entreprises comme Google, Yahoo ou Free, c'est à dire des gens motivés entre 25 et 35 ans, qui en veulent et qui sont très en avance, dans leurs réflexions à la fois technologiques et marketing sur les nouvelles applications. Telemedia Group possède, aujourd'hui, 3 à 4 ans d'avance sur les grands opérateurs télécoms en matière de recherche et développement. Cette avance technologique va nous permettre de gagner des parts de marché significatives et d'augmenter de façon spectaculaire la valeur de Telemedia Group avant la fin de la décennie.
Comment comptez-vous vous développer en Europe et à l'international ?
L'Europe, c'est un marché formidable mais ce marché est déjà très mature en matière de télécommunications. Cela me semble évident qu'il faut aller développer notre technologie dans des pays qui sont en demande… Je ne raisonne pas à l'échelle de l'Europe mais à l'échelle de la planète entière. Pour nous l'Europe, c'est une base, c'est notre territoire. C'est à partir de là que l'on se développe sur le monde entier. Nous avons une stratégie de développement dans un grand nombre de pays qui peuvent littéralement faire exploser le chiffre d'affaires de Telemedia Group en leur apportant nos solutions innovantes en matière de télécommunications. A titre d'exemple, nous avons raccordé à l'internet haut débit et au téléphone Voix sur Ip par satellite, un petit village du Mali dont les habitants étaient dépourvus jusqu'à présent de téléphone et d'électricité. Cette expérience va nous permettre de concrétiser un véritable partenariat et nous avons l'intention de dupliquer ce modèle dans de nombreux pays.
Pourquoi ce déplacement en Asie ?
J'ai fait trois voyages en Chine cette année. Il y a un an, j'y avais accompagné l'ancien Premier Ministre Jean Pierre RAFFARIN, à la rencontre de plusieurs industriels des télécommunications. J'ai senti l'intérêt que ces industriels et opérateurs de télécommunications manifestaient à l'égard des technologies développées par Telemedia Group, car nous avons trois à quatre ans d'avance en matière de recherche et développement sur les grands opérateurs télécoms.
Recherchez vous une association ?
L'objet de ces voyages est de nouer des partenariats avec les opérateurs chinois, non pas seulement pour le seul réseau local chinois mais pour l'ensemble de l'Asie. Telemedia Group a engagé des négociations avec les grands opérateurs de télécommunication chinois et parallèlement nous envisageons de confier la production de téléphones IP de dernière génération dont les ingénieurs de Telemedia Group ont défini les spécificités, à des sous traitants chinois.
Pour une société cotée en bourse comme la vôtre, Hong Kong peut-elle représenter un intérêt dans le cadre d'un futur développement ?
Tout à fait. Etre coté à la Bourse de Paris nous a donné une légitimité pour rencontrer les opérateurs de télécoms mais j'ai également rencontré, des gestionnaires de fonds spécialisés dans les valeurs de croissance et les valeurs technologiques comme Telemedia Group. J'ai été reçu par Lawrence FOK qui est le Vice-Président de la Bourse de Hong Kong et il est vrai que dans la perspective d'une prochaine augmentation de capital de notre société, augmentation qui devrait avoir lieu courant 2007, il m'a paru intéressant de présenter Telemedia Group aux investisseurs qui sont dans l'environnement de la Bourse de Hong Kong.
Quelles ont été leurs réactions ?
Intéressés et nous aussi ! Lawrence FOK m'a même dit trouver ma démarche intéressante car c'était la première fois qu'une entreprise française se donnait la peine de frapper à la porte de la Bourse de Hong Kong. J'étais assez flatté, d'autant plus que c'est une place financière importante. La Bourse de Hong Kong a levé récemment plus de 22 milliards de dollars US pour introduire en bourse l'une des plus grandes banques chinoises. Cette levée de fonds record place la Bourse de Hong Kong au premier rang de toutes les bourses mondiales, puisque c'est la première fois qu'une somme aussi importante a été levée dans l'histoire de la bourse ! Ils ont d'ailleurs eu une demande qui a dépassé 500 milliards de dollars US. La Bourse de Hong Kong est très active, très dynamique. Les fonds de gestion qui sont dans son environnement sont très actifs et très intéressés pour investir dans des valeurs technologiques. Telemedia Group en est une !
Telemedia Group est un peu précurseur en étant la première société française à avoir pensé à venir se présenter à Hong Kong ?
Oui, c'est un peu David contre Goliath mais j'aime bien ce genre de défi. Lawrence FOK nous a tout de même précisé que les deux tiers, soit 66% des entreprises cotées à la Bourse de Hong Kong ont un chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de dollars US et que par conséquent, Telemedia Group est parfaitement dans les critères de la Bourse de Hong Kong. Nous sommes un opérateur de télécoms qui dispose d'une très grande avance technologique qui nous permet de signer de très gros contrats au nez et à la barbe du plus grand opérateur de télécommunications français…
Qu'attendez vous du marché chinois en lui même ?
Ce n'est pas tellement le marché chinois qui est notre objectif principal mais l'ensemble des pays asiatiques. Aujourd'hui les communications entre l'Europe et la Chine sont assez bon marché. Telemedia Group s'est spécialisé dans le transport des communications à un prix très bas. Nous pouvons davantage tirer notre épingle du jeu lorsqu'il s'agit de destinations vers lesquelles notre opérateur " historique " français est outrageusement cher comme le Vietnam par exemple. Nous en avons l'expérience au Maghreb. Avant notre arrivée sur ce marché, l'opérateur historique français facturait une communication de France vers un mobile algérien 1,36 € la minute. Nous, nous avons abaissé le coût de la minute puisque nous fournissons cette prestation à moins de 10 centimes d'euro et la revendons à tous les grands opérateurs ce qui leur permet de répercuter cette baisse sur les clients. Nous nous intéressons en priorité aux marchés sur les lesquels les communications sont encore chères puisque les consommateurs réclament – et ils ont raison – des communications téléphoniques moins chères.
Ces consommateurs ne connaissent pas forcément Telemedia Group alors qu'ils vous utilisent toute la journée ?
Absolument ! Les consommateurs ne nous connaissent pas, car en fait nos clients principaux sont les grands opérateurs de télécommunications qui sous-traitent l'acheminement de leurs communications internationales à Telemedia Group.
Là encore, vous avez été les précurseurs ?
Nous nous sommes efforcés tout au long du développement de Telemedia Group d'innover en occupant des niches et nous revendiquons cet esprit conquérant ! Nous sommes indépendants et nous essayons toujours d'avancer un peu plus vite que les autres !
Cela nécessite un gros investissement en ingénierie, recherche et développement ?
Oui, mais la grande richesse de Telemedia Group, sa grande valeur ajoutée c'est d'avoir une équipe de jeunes entre 25 et 35 ans qui a une énorme envie de prouver notre avance technologique à la planète entière ! En fait, on part à la conquête du monde ! Nous sommes très confiants sur les perspectives d'évolution de Telemedia Group aussi bien en France qu'à l'international. Avec le transfert de Telemedia Group sur le marché Alternext de la Bourse de Paris, nous sommes en train d'écrire les pages d'un formidable projet industriel que nous souhaitons faire partager au plus grand nombre !
Entreprendre N°211 – Avril 2007