GROUPE ERAMET : ASSEMBLEE GENERALE DU 25 AVRIL 2007, ALLOCUTION DU PRESIDENT

ASSEMBLEE GENERALE DU 25 AVRIL 2007

ALLOCUTION DU PRESIDENT

Mesdames, Messieurs,

C'est un grand plaisir pour moi de vous retrouver ce matin pour évoquer avec vous les résultats et les ambitions de votre Groupe.

L'exercice est d'autant plus agréable que l'année 2006 a été une nouvelle année de performances très élevées pour Eramet et ceci pour la 3ème année consécutive.

Devenir ou rester actionnaire d'Eramet en 2006 a encore été un excellent choix en 2006.

Le cours de l'action Eramet a progressé de 50 %, terminant l'année à 121,40 euros.

Cette performance est supérieure à celle de la majeure partie de nos concurrents.

Par ailleurs, votre Conseil d'Administration a souhaité poursuivre la politique de distribution d'un dividende régulier et significatif, tout en prenant en compte la solidité du Groupe et la nouvelle progression des résultats. Il propose donc un dividende de 2,90 € par action, en hausse de 38 % par rapport au dividende de 2,10 € par action versé au titre de l'exercice 2005. Ceci traduit la confiance de la Direction et du Conseil d'Administration dans la solidité des perspectives de votre Groupe.

Depuis le début de l'année, le cours de l'action Eramet a repris sur une tendance de forte croissance. Il a récemment atteint 165 euros. Rappelons que fin 2003, il était de 38,50 euros.

Afin d'expliquer ces performances assez exceptionnelles, et d'essayer de nous projeter sur le futur, je voudrais tout d'abord partager avec vous quelques réflexions inspirées par les grandes évolutions en cours dans nos industries, avant d'examiner nos principaux défis pour l'année 2007.

Un nouveau monde

Le premier constat et le plus fondamental est que le monde a changé : depuis quelques années, la croissance économique mondiale a clairement accéléré. Elle est principalement entraînée par le développement rapide de la Chine, mais de nombreux autres pays, tels l'Inde ou la Russie, y contribuent également de façon croissante.

Votre Groupe récolte les fruits de sa stratégie de développement, qui lui permet de profiter pleinement de la formidable opportunité que représente cette croissance chinoise et mondiale renforcée.

Je voudrais vous citer quelques exemples tirés de nos marchés afin de mettre ces éléments en perspectives :

- la Chine a consommé près de deux fois plus d'acier au carbone que l'ensemble de l'Europe en 2006, et sa consommation a augmenté de 10 % cette même année. Mais un chinois consomme encore en moyenne aujourd'hui deux fois moins d'acier qu'un japonais et 3,5 fois moins qu'un coréen.

- la Chine va dépasser en 2007 l'Europe pour sa consommation d'acier inoxydable pour la 1ère fois ; malgré cela, un Chinois consomme encore en moyenne aujourd'hui trois fois moins d'acier inoxydable par an qu'un européen aujourd'hui et quatre fois moins qu'un japonais. On dit, pour simplifier, que l'inox est le métal des " classes moyennes ". Or la Chine commence tout juste à voir émerger une population de ce type, mais, à son échelle, ceci représente plusieurs centaines de millions d'individus.

Tout cela vous montre bien que le potentiel reste énorme.

Qu'est ce que cela implique pour Eramet et comment pouvons nous maximiser la valeur du Groupe pour nos actionnaires dans ce contexte ?

La réponse est claire : pour produire de l'acier inoxydable, il faut du nickel (8 à 10 % pour les véritables inox); pour produire de l'acier, il faut du manganèse (7 kg par tonne d'acier). Or la Chine est très mal pourvue dans ces deux minerais. Pour alimenter sa machine économique, elle importe du nickel, elle importe du manganèse et ceci dans des quantités sans cesse croissantes.

Eramet est particulièrement bien placé pour répondre à cette énorme demande, grâce à ses ressources minières. Notre objectif est donc de maximiser le développement de nos ressources actuelles, mais aussi d'accéder à de nouveaux gisements, pour accélérer et prolonger notre développement et mieux répondre à cette demande.

Grâce à Comilog, au Gabon, Eramet est déjà le 2ème producteur mondial de minerai de manganèse. Comilog a engagé un programme ambitieux pour faire passer sa production de minerai de 2 millions à 3,5 millions de tonnes. Une première étape majeure a été franchie l'année dernière, avec une production de 3 millions de tonnes.

S'agissant du nickel, Eramet dispose en Nouvelle Calédonie de très beaux gisements de minerais oxydés riches, les garniérites. Le programme 75 000 t, en cours de réalisation, représente une augmentation de 25 % de sa capacité de production et maximise le développement possible sur nos gisements actuels de ces minerais.

Par ailleurs, une des grandes réussites de l'année 2006, si ce n'est la plus importante, est l'acquisition du gisement de Weda Bay Nickel, en Indonésie, qui offre à Eramet Nickel un relais de croissance de premier ordre. En effet, avec un objectif de production de 60 000 t, Weda Bay permettra à terme un quasi-doublement de notre production.

Au-delà de ces deux enjeux majeurs que sont la réalisation du programme 75 000 t et le développement de Weda Bay Nickel, nous voulons identifier d'autres projets de développements dans le nickel. A cet effet, le nouveau procédé de traitement hydrométallurgique des minerais oxydés, très performant, qui a été développé au centre de recherche du Groupe, est un atout formidable. La SLN a ainsi les moyens de proposer aujourd'hui à la Nouvelle Calédonie une mise en valeur optimale de l'ensemble de ses ressources minières, tant sur le plan économique qu'environnemental. Ce projet de grande ampleur vient d'être proposé aux parties prenantes en Nouvelle Calédonie, en proposant notamment une solution consensuelle pour le projet d'usine du Nord de Koniambo.

En ce qui concerne notre troisième branche, la branche Alliages, la Chine joue, pour le moment, un rôle un peu moins important. La branche Alliages est en effet positionnée sur des domaines plus sophistiqués, où la Chine est actuellement dans une phase plus préliminaire de son développement.

Eramet Alliages a commencé à répondre à la croissance de la demande en investissant dans une nouvelle usine de matriçage de grande puissance à Pamiers, qui est entrée en activité fin 2006.

La rentabilité de la branche Alliages se redresse depuis trois ans. Néanmoins, l'écart de rentabilité entre les branches reste significatif et nous ne nous satisfaisons pas de cette situation. Eramet Alliages dispose de très belles positions mondiales et de savoir-faire de premier plan, qui constituent une véritable richesse pour le futur. Des plans d'action ambitieux sont lancés pour dégager une rentabilité qui reflète pleinement notre positionnement et nos savoir-faire.

Je voudrais maintenant évoquer une deuxième tendance lourde de nos industries.

ERAMET face à la consolidation

Un des phénomènes très marquants de l'année 2006 est l'accélération du mouvement de consolidation qui touche nos secteurs d'activité.

Dans le domaine du nickel, trois des quatre leaders mondiaux ont été absorbés en deux ans : tout d'abord l'australien WMC Resources repris en 2005 par BHP Billiton, suivi en 2006 par Falconbridge, acheté par Xstrata et Inco, acheté par CVRD. Associé à Xstrata se trouve son actionnaire de référence Glencore, à qui Xstrata vient de confier toute la commercialisation de son nickel et de son cobalt et qui détient lui-même par ailleurs le contrôle du producteur de nickel australien Minara.

Dans les secteurs d'activités de la branche Alliages, l'acquisition de Böhler Uddeholm proposée par Voest Alpine est le dernier épisode en date de la saga du développement de Böhler, qui a lui-même réalisé une croissance rapide grâce à plusieurs acquisitions importantes depuis 3 ans. De l'autre côté de l'Atlantique, l'américain PrecisionCast Parts (PCC), grand concurrent de Aubert et Duval dans le matriçage, réalise lui aussi depuis quelques années un développement très rapide à travers des acquisitions, qui contribuent à consolider le secteur.

Ces mouvements ne peuvent nous laisser indifférents et m'inspirent trois réflexions :

Tout d'abord, ces grandes opérations montrent que nous opérons sur des secteurs attractifs, où les acteurs significatifs se payent très cher. Les niveaux auxquelles ces transactions ont été réalisées me laissent penser que la valorisation d'Eramet est encore loin de son plein potentiel. En effet, le nombre d'acteurs se raréfie et Eramet détient des positions de premier plan dans tous ses métiers.

Deuxième observation, le mouvement n'est probablement pas terminé, notamment dans le manganèse et les alliages. Nos industries ont besoin de consolidation afin d'atteindre des performances plus durables et plus élevées que par le passé. Eramet devrait profiter indirectement de la consolidation réalisée par ses grands concurrents, ce dont je me réjouis. Mais par ailleurs, Eramet continuera à examiner les opportunités créatrices de valeur pour être lui-même un acteur de la consolidation, comme il l'a été au cours de son histoire.

Troisième réflexion, Eramet dispose des moyens de poursuivre son développement sans s'adosser à un autre groupe. Notre situation financière était déjà très solide fin 2006, malgré l'acquisition de Weda Bay Minerals et elle se renforce encore actuellement. Nos compétences technologiques sont de premier ordre et les moyens que nous consacrons à la R&D ont fortement augmenté depuis trois ans. Le dernier exemple en date est la mise au point dans notre Centre de Recherche de Trappes d'une technologie innovante pour le traitement hydrométallurgique des minerais de nickel oxydés. Enfin sur le plan des ressources humaines, nous bénéficions de la taille et de la compétence des salariés du Groupe.

Je vois donc la consolidation comme une opportunité de créer de la valeur beaucoup plus que comme une menace pour Eramet.

Perspectives et défis pour 2007

Examinons maintenant les perspectives pour l'année 2007.

Tout d'abord, l'année a commencé de façon favorable sur tous nos principaux marchés et je m'en réjouis.

Votre groupe est mobilisé par des projets qui seront source de croissance pour le futur et 2007 est une année charnière pour ces développements.

Nous poursuivons les travaux du programme 75 000 t, dont le dernier volet, l'usine d'enrichissement de Tiébaghi, devrait être terminé vers la fin du 1er semestre. Par ailleurs, la SLN est dans une phase d'investissements conséquents en renouvellement de matériels anciens. Nous préparons aussi l'investissement important de réfection d'un four électrique en 2008.

Enfin, nous avons engagé les études pour préparer le remplacement de la centrale électrique qui est la principale source d'énergie de notre usine de Doniambo et qui arrive en fin de vie. Il s'agit, s'il est approuvé, d'un programme de plusieurs années, qui nous permettra d'améliorer nos performances, tant sur le plan de notre compétitivité que sur le plan de la protection de l'environnement.

Notre projet Weda Bay Nickel avance de façon très satisfaisante. Le programme de l'année 2007 comprend notamment des campagnes de pilotage du procédé hydrométallurgique à notre Centre de Recherches de Trappes et un test minier en grandeur réelle.

La branche Manganèse est elle aussi impliquée dans des investissements de développement importants. Nous visons en 2007 une production de minerai en hausse, de 10 %, à 3,3 millions de tonnes, ainsi qu'une progression de 5 à 6 % de notre production d'alliages de manganèse. En Chine, la construction de la nouvelle usine d'EMD pour piles alcalines de Chongzhuo s'est terminée au mois de janvier et le démarrage industriel et commercial est en cours. Enfin, dans le domaine du recyclage des catalyseurs pétroliers, notre filiale Gulf Metallurgical construit actuellement une nouvelle usine au Canada pour servir l'industrie des sables bitumineux.

L'année 2007 est aussi pour Eramet Alliages la première année de montée en régime de sa nouvelle usine de matriçage de Pamiers et de sa presse de 40 000 t, qui arrive au bon moment pour répondre aux besoins de nos clients.

Au-delà de ces différents programmes, le Groupe a les moyens de réaliser d'autres développements et se tient prêt à saisir de nouvelles opportunités de croissance.

Les perspectives futures nous incitent à l'optimisme, je l'ai dit, sans toutefois nous faire abandonner une certaine prudence, qui fait partie du " patrimoine culturel " de ce Groupe. Le tableau ne serait donc pas complet si je n'évoquais pas quelques défis auxquels nous avons à faire face en 2007.

Je ne peux m'empêcher de citer en premier la nécessité de retrouver des relations sociales apaisées en Nouvelle Calédonie. Deux années de suite, la SLN a été pénalisée par des comportements de la part d'un nombre limité d'acteurs qui n'avaient rien à voir avec une pratique syndicale normale. La SLN est un acteur essentiel du développement de la Nouvelle Calédonie et sa bonne marche bénéficie à tous ses habitants. Les jeux personnels ne doivent plus s'exercer à son détriment et à celui de ses grands clients. Au-delà de la SLN, c'est l'attractivité de la Nouvelle Calédonie toute entière pour les investisseurs qui est en jeu. J'ai toute confiance dans l'équipe de Direction de la SLN pour contribuer, pour sa part, à rétablir un climat apaisé et constructif. Je compte aussi sur l'esprit de responsabilité de tous les employés et de leurs représentants syndicaux pour aider la SLN à renouer avec les performances nécessaires pour financer les investissements indispensables pour sa pérennité.

Le deuxième défi de 2007 est certainement la volatilité de nos marchés. Le nickel s'est envolé à 50 000 US dollars au mois de mars, mais ce niveau paraît largement excessif au regard des fondamentaux du marché. Bien-sûr, ceci provoque une certaine euphorie chez les producteurs de nickel, mais le danger se trouve dans la correction qui risque de s'ensuivre. En cas de chute des cours, les acheteurs d'acier inoxydable seront obligés de réduire brutalement leurs stocks pour se prémunir contre une perte considérable.

L'autre danger est que des cours du nickel aussi élevés créent l'illusion que le moindre gramme de nickel contenu dans le sous-sol vaut de l'or ! Le risque est la multiplication excessive des projets, qui démarreraient de façon simultanée.

Afin de se protéger contre un retournement marqué et de prolonger des cours élevés, Eramet a engagé depuis fin 2005 un programme de couvertures sur les cours du nickel, qui a porté sur 40 % des livraisons en 2006 et qui concerne une proportion similaire en 2007.

Le troisième défi pour 2007 est celui du développement des hommes. J'accorde une importance majeure à ce point, qui est au cœur de notre projet d'entreprise baptisé " Leaders ". Eramet est engagé dans un projet de croissance rentable, durable et harmonieuse. C'est ce troisième mot, " harmonieuse ", qui recouvre le volet humain de notre projet.

Disposer de minerai dans le sol ou de grandes usines n'est pas suffisant. Pour transformer ces actifs matériels en exploitations industrielles performantes, il faut des hommes et des femmes dotés de solides compétences techniques, motivés et travaillant efficacement en équipe. Je crois vraiment que c'est une grande force d'Eramet aujourd'hui et que nous pouvons encore progresser.

Pérenniser et développer nos savoir-faire, motiver nos équipes pour aller plus loin encore dans la performance au service du client, attirer de nouveaux talents partout dans le monde pour participer à notre développement, tels sont les enjeux du programme Leaders. Des mesures importantes ont été mises en œuvre l'année dernière en matière de communication interne, de gestion des carrières, d'identification des compétences clés, de recherche collective de progrès dans tous les domaines. Le déploiement de Leaders se poursuit en profondeur en 2007.

Je me félicite par ailleurs des progrès que nous réalisons dans le domaine de la sécurité, avec une chute importante de la fréquence des accidents dans le Groupe, qui s'est poursuivie en 2006. Nous visons une nouvelle baisse en 2007, grâce à la mobilisation de tous.

Nous renforçons aussi notre action dans le domaine de la santé. Ainsi, au Gabon, Eramet s'est engagé fin 2006 dans un important programme de lutte contre le Sida, le programme Gamma.

Nous construisons ainsi aujourd'hui, en 2007, des bases très solides pour la réussite future de votre Groupe, qu'elles soient techniques, financières, et surtout humaines.

_______

Mesdames et Messieurs, je suis heureux d'avoir pu partager avec vous ces réflexions sur les succès et les projets de votre Groupe pour créer de la valeur, dans ce monde nouveau et en forte croissance.

Avant de terminer, je souhaite vous informer qu'il y a eu plusieurs entretiens entre les deux principaux actionnaires, Sorame/Ceir et Areva et moi-même. Il en ressort que les deux actionnaires ne renouvelleront pas mon mandat d'administrateur et donc ma fonction de Président. Le raisonnement est que j'ai 60 ans cette année, que mon âge de retraite normal se situe donc dans trois ou quatre ans. Or, notre groupe a entamé des projets de longue durée (Weda Bay, la centrale électrique de Doniambo, le projet Niobium, peut-être Koniambo). Nos actionnaires considèrent que ces projets supposent une continuité de management à la tête du Groupe et donc un dirigeant plus jeune. Ces discussions se sont passées à l'amiable et je prendrai à partir de ce soir un rôle de conseiller du nouveau Président pour le mettre au courant des dossiers et lui apporterai mes conseils.

Je tiens à vous dire la fierté que j'ai eue à diriger un Groupe comme Eramet, doté d'équipes remarquables, compétentes et ambitieuses. Les quatre années passées ont permis de le renforcer financièrement et de créer de nouvelles perspectives d'avenir.

Je souhaite à toutes les équipes de poursuivre cette superbe aventure humaine.

Je vous remercie pour votre attention, je vais maintenant vous présenter les questions écrites d'actionnaires et les réponses du Conseil d'Administration. Je vous exposerai ensuite un point particulier ayant trait à la réalisation de la demande de cession d'actions SLN détenues par Eramet à la STCPI, contre des actions Eramet détenues par STCPI. Je répondrai ensuite aux questions orales.

- ooOoo -