Faut-il avoir peur de la nouvelle économie ? D'Internet ? Des fonds de pension ? Du règne sans partage d'entreprises géantes ? L'Expansion
Le " Magic Kingdom " de Jean-Marie Messier
L'autobiographie du patron de Vivendi livre, en filigrane, l'histoire de la métamorphose de l'ex-CGE. Beaucoup plus captivant que ses envolées sur les bienfaits de la nouvelle économie.
Que serait devenu Jean-Marie Messier si Guy Dejouany n'avait pas décidé, en 1994, de lui confier les rênes de la Compagnie générale des eaux ? Quel autre destin aurait pu convenir à J6M tant il apparaît, à la lecture de son livre, que les routes de la " vieille dame " et du jeune Grenoblois féru de mathématiques ne pouvaient que se rencontrer. Un tel potentiel d'un côté, autant d'énergie et d'imagination de l'autre... De fait, la CGE fut la chance de Jean-Marie Messier, et la réciproque est peut-être vraie, même s'il est encore un peu tôt pour en juger.
A l'évidence, la rencontre a produit des étincelles et créé un " émerveillement " qui est d'ailleurs tout le sujet de ce livre. Peu de chefs d'entreprise se sont risqués à écrire sur leur propre itinéraire. C'est d'un art délicat. On ne peut guère y révéler de secrets d'Etat et l'on court le risque de tomber dans un exercice d'autosatisfaction générale, doublé d'une distribution des prix aux collaborateurs méritants.
Il serait injuste de réduire le livre de Jean-Marie Messier à cela, même s'il n'évite pas toujours ces deux pièges. En réalité, il retrace la mutation la plus rapide et la plus radicale qu'un grand groupe industriel français ait probablement jamais connue. Entre le 10 juin 1996, date à laquelle l'assemblée générale des actionnaires de la CGE porte Jean-Marie Messier à la présidence, et cet automne 2000, qui devrait voir la concrétisation de la fusion entre Vivendi et Universal, le premier employeur français a changé de stratégie, de métiers et d'actionnaires.
Un tel parcours en quatre ans est quasi unique dans notre pays, s'agissant d'un groupe de cette taille, impliqué à ce point dans des secteurs éminemment sensibles comme les services publics, la téléphonie ou la télévision. J6M inflige ainsi un démenti cinglant à ceux qui pensent que la France est un pays lent, inapte à la réforme, dont les salariés sont peu mobiles et les élites moyennement impliquées dans la vie des affaires. Mais il dévoile aussi sa véritable personnalité, très éloignée de son image de " jeune homme sage ". Ambitieux, déterminé, rien n'a pu arrêter sa prise de pouvoir à la CGE. De même, aujourd'hui, rien ne le détournera du plan de route qu'il a fixé et qu'il applique d'une main de fer.
Moins convaincante est la démonstration de Jean-Marie Messier, visant à nous assurer que le nouveau capitalisme, la nouvelle économie, les nouvelles technologies apportent bienfaits et espoirs à l'humanité. Cette vision du monde comme d'un " royaume magique " où tout est accessible à tous pourvu qu'ils le désirent bute sur une réalité autrement plus violente et cruelle. La pauvreté et l'ignorance rôdent dans bien des replis de notre société et Internet n'y changera pas grand-chose.
En outre, le fait de confier à l'entreprise le soin de décider de ce qui est bon pour les consommateurs, donc pour les citoyens, ainsi que le suggère l'auteur, ne dérange pas que " les thuriféraires de l'étatisme ", comme il l'écrit. L'idée se heurte à une réalité têtue, que les récents exemples de l'Erika et de l'épidémie de la vache folle suffisent à illustrer. --François Roche--La Vie Financière
Salariés, unissez-vous... en Bourse !
Si une vieille rubrique de La VF, " Les patrons à la cote ", existait encore, le président de Vivendi aurait cette semaine battu tous les records ! A l'occasion de la sortie de son livre et d'une opération de relations publiques savamment orchestrée (on le voit même en photo dans Paris Match avec une chaussette habilement usagée), il prouve qu'il a compris qu'on ne peut devenir le patron d'une des plus grandes entreprises de cinéma et de diffusion de musique du monde (dans quelques semaines, Vivendi aura fusionné avec les studios américains Universal), avec un look et un discours " coincés ".
Mais qu'on ne s'y trompe pas : son livre incite salariés, actionnaires, hommes politiques et autres grands patrons, ses collègues, à réfléchir sur le nouveau capitalisme et les nouvelles relations salariés-entreprises. Avec un plaidoyer pour ce qu'il nomme le " capitalisme équitable ". Sa thèse est très simple : tous les salariés doivent être associés à la bonne marche et aux profits de l'entreprise. Comment ? En leur permettant de devenir actionnaires par des plans de stock-options et des systèmes d'intéressement. Cela n'est pas un voeu pieux : Jean-Marie Messier a offert 10 stock-options à ses 250 000 salariés. Au risque de mécontenter certains de ses actionnaires craignant une dilution. --Gérard Négréanu--
L'Entreprise
Nouveau monde
La mondialisation, les mégafusions, l'explosion des technologies de communication... Pour beaucoup, ces mouvements telluriques de l'économie sont si vastes qu'ils en deviennent presque abstraits. Pour Jean-Marie Messier, président de Vivendi, propriétaire de L'Entreprise via Havas, ils sont une réalité quotidienne. Le fait que l'un des plus grands patrons français " parle " aurait presque suffi à retenir l'attention.
La vigueur de son plaidoyer pour la nouvelle économie, la manière dont il expose ses convictions, mais aussi le récit qu'il fait des grandes négociations ayant marqué la mutation de la Générale des Eaux en Vivendi-Universal justifient que ce livre soit devenu un événement. --Arnaud Le Gal--
Présentation de l'éditeur
Polytechnicien et énarque, Jean-Marie Messier est depuis juin 1996 Président-Directeur Général de Vivendi. Ce sont eux aujourd'hui les vrais maîtres du monde : ils sont à la tête d'entreprises mondiales, leurs salariés parlent toutes les langues, leurs produits sont vendus sur tous les continents. En quelques jours, ils prennent des décisions qui engagent des milliards de dollars et des milliers de... salariés. Ils sont au coeur de cette révolution industrielle et de ce nouveau capitalisme qui est à la source à la fois de formidables opportunités et de terribles menaces. Pour la première fois, l'un de ces maîtres du monde, Jean-Marie Messier, le patron de Vivendi, a décidé de parler avec une totale franchise. Du montant de sa rémunération aux négociations les plus secrètes, des luttes pour le pouvoir aux relations avec les politiques, il décrit, à travers le récit de ses quatre années à la tête de Vivendi, les nouvelles règles du jeu de l'économie.Quatrième de couverture
Ses collaborateurs l'appelaient J2M, « Les Guignols » trouvèrent J6M : Jean-Marie Messier, moi-même maître du monde ! Le président de Vivendi ne fait pas seulement preuve d'humour en reprenant ce surnom. Il donne le ton d'un livre direct, sincère, loin des prudentes feutrées d'un certain patronat traditionnel.
En cinq ans, l'ex-Générale des Eaux est devenue le premier groupe européen de communication, le seul capable de faire pièce aux géants américains. Jean-Marie Messier raconte les négociations secrètes - menées en un temps record - qui ont abouti aux alliances avec le britannique Vodafone, l'américain Seagram.
Au-delà de l'actualité, il expose des convictions fortes, passionnément discutées, sur ce que sont et seront les rapports des grands groupes avec le monde politique, les actionnaires, les salariés. Fusions-acquisitions, mondialisation, mutation technique et économique apportée par Internet... Son livre est un passionnant voyage au coeur du capitalisme moderne. --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.