<h4>Georges Hanart
L'auteur, professeur et consultant en finance, travaille avec Gérard Emard dans le cadre du comité technique de Paris sur la quantification des risques liés aux instruments financiers. En collaboration avec la société de bourse M.D.B., Georges Hanart participe à l'élaboration et l'exploitation d'indices en temps réel.Outre l'étudiant qui a besoin de lire cet ouvrage pour des raisons académiques, ceux qui se préoccupent des problèmes généraux de la philosophie de la science et de sa méthodologie, ainsi que les praticiens d'une science encore aujourd'hui moyennement rigoureuse telle l'analyse boursière, trouveront dans l'oeuvre de
Georges Hanart un rassemblement qui se veut exhaustif des différents types d'appréhension des actions.
Non content de réconcilier les fondamentaux et les chartistes, l'auteur ouvre un passionnant chapitre statistique qui, au-delà de la mise en évidence de comportement récurrent ou d'abscence de ces comportements, ouvre la voie à la modélisation scientifique.
Tout observateur averti reconnaîtra que, ces dernières années, la Bourse, suivant en cela l'économie, est devenue plus technique, voire plus scientifique, comme jamais elle ne l'avait été jusqu'ici.
Néammoins, nombreux encore sont ceux qui diront que la productivité marginale décroît rapidement dans l'application des modèles à la Bourse et qui penseront que cet ouvrage, que je considère comme une première pierre, ressemble, somme toute, peut-être plus au couronnement d'un édifice qui ne pourra pas aller plus haut.
A ceux-là, il faut répondre que, dans le domaine dynamique de la connaissance, le but le plus important est de préparer le terrain, d'ouvrir de nouvelles voies. La loi des rendements décroissants est un fait de la vie, mais ne dédaignons pas les forces créatives qui luttent contre elle et l'entravent et remercions l'auteur pour cette nouvelle exploration du savoir tout en concluant par ce principe fondamental de généralisation par l'abstraction, énoncé par l'éminent mathématicien E.H. Moore, il y'a déjà trente ans : "L'existence d'analogies entre les caractères fondamentaux de diverses théories implique l'existence d'une théorie générale qui est sous-jacente aux théories particulières et les rassemble en partant de ces caractères fondamentaux".Daniel Mignon
Préface
PHENOMENOLOGIE DES NOUVEAUX COURSLe monde a changé.
Octobre 1987, le krach de Wall Street entraîne la chute générale des autres Bourses.
Octobre 1989, l'OPA sur United Airlines échoue, faute de financement. Le marché des junk bonds s'effondre entraînant une nouvelle tempête sur les bourses mondiales.
Plus près de nous encore, un demi-siècle de communisme disparaît en un mois, soulevant au passage, bon nombre d'interrogations sur la fragile construction européenne et propulsant la Bourse de Francfort vers une hausse continue que la crainte de tensions inflationnistes ne semble pas contrarier.
Le monde s'accélère, les Bourses aussi.
Bousculées de l'extérieur par des mutations historiques, déséquilibrées de l'intérieur par la spéculation et les programmes automatiques de trading, les Bourses s'affolent, livrées au jeu de la mondialisation de l'information et de l'interconnection des systèmes.
Face à cette volatilité des cours, le projet de gérer "au mieux" un patrimoine, est devenu bien ambitieux; la religion du long terme et la gestion de "bon père de famille" ont quelque peu vécu.
Aujourd'hui, il ne suffit plus d'avoir du bon sens, il faut une vision globale, une maîtrise quantitative de ce qu'on peut appeler la volatilité endogène des actions, ainsi que la capacité de discerner la part d'objectivité et de réaction collective dans le cours d'un titre.
La gestion n'est plus l'affaire d'une personne, mais d'une équipe de professionnels de l'analyse, qu'elle soit fondamentale, technique ou statistique.
L'intégration systématique de leurs conclusions, peut, seule, permettre d'identifier, de quantifier, voire de modéliser le cours des actions autour d'une valeur théorique.
Ces approches, obligatoirement confrontées à la prise de décision finale, acheter, vendre ou conserver, contribuent à optimiser les performances d'une gestion patrimoniale et donnent également un support précieux à la gestion du risque d'un portefeuille en valeurs mobilières.
Le prodigieux développement de l'informatique ainsi que des réseaux de données permettent aujourd'hui, d'autre part, de se livrer à ces approches en temps réel et de vivre le passionnant cheminement de la modélisation dynamique.
A l'inverse, toute absence ou déviation dans cette modélisation devient la source d'une interrogation qui, renvoyée vers ceux qui contribuent à nourrir le système, ouvre la voie à la recherche du "pourquoi".
C'est alors souvent, un formidable challenge qui s'ouvre consistant à rechercher l'information qui se manifeste derrière ces "nouveaux" cours.
Quelquefois, on observe ainsi, de manière privilégiée, les prémisses d'importantes modifications d'actionnariat ou de nouvelles alliances; plus souvent il s'agit des premiers signes de modifications plus fondamentales liées au secteur ou au titre, ou encore, à des transferts de valuation au niveau international.
Le problème consiste alors à traduire ces variations à faible coéfficient d'information et de leur conférer une valeur prédicative suffisamment significative pour le meilleur gain de return possible (alpha) au moindre risque.
En effet, même si les marchés sont raisonnablement efficients, cette efficience est loin d'être instantanée. L'exploitation de cette phase de correction, entre l'alpha du titre et le nouvel alpha discriminé, étant un but premier du gestionnaire, des mesures de performances rigoureuses du système doivent être également mise en place pour s'assurer que le gain de performances ne s'est pas fait au détriment du ration risk/reward.
Quelle que soit, en tout cas, l'opinion du lecteur sur la nécessité de recourir à de telles méthodes de gestion, il faut bien admettre que la démarche décrite ci-dessus et construite sur les fondements théoriques de cet ouvrage, présente, à tout le moins, l'incontestable mérite de la rigueur scientifique tout en ouvrant en permanence le débat de la définitionde la gestion et de l'organisation de sa fonction.